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Alerte sur les finances publiques locales en Seine-et-Marne

Discussions budgétaires nationales, conséquences locales : l’austérité à tous les étages


Depuis son arrivée, le gouvernement de Michel Barnier a proposé une cure d’austérité afin de résoudre le déficit public du pays ayant atteint 166,6 milliards d’euros, soit 6% du PIB. Pour y parvenir, il espère économiser 60 milliards d’euros en 2025 (40 milliards de dépenses en moins et 20 milliards d’impôts supplémentaires). Jamais nous n’avions assisté à une proposition aussi injuste et absurde ! Bien qu’on ait administré à la Grèce le même traitement à la suite de la crise de 2008, sans que son PIB s’en remette jusqu'à aujourd'hui, le gouvernement de droite espère que les finances publiques se redresseront comme par magie. 

Comment en est-on arrivé là ? 

Depuis 2017, la politique d’Emmanuel Macron a réduit les recettes de l’Etat de 50 milliards d’euros en partie au profit des ménages les plus aisés. Quant à la quasi-suppression de la taxe d’habitation, elle n’a pas été compensée. En faisant le pari d’une politique de l’offre qui a surtout profité aux grandes entreprises, le gouvernement précédent a creusé sa propre tombe en pronostiquant une croissance économique plus élevée que ce qu’elle fut véritablement, d’où ce déficit abyssal qu’espère combler le gouvernement Barnier. 

Pourquoi le budget proposé par le gouvernement nous conduirait-il à la catastrophe s’il était validé ?

Nul besoin d’être énarque pour savoir que le développement économique du pays dépend de la consommation des citoyen.nes, de l’investissement des entreprises et des dépenses publiques. Or, ce sont ces trois canaux qu’un tel budget risque d’obstruer. 

Dans les grandes lignes, le projet du gouvernement consiste à augmenter la taxe sur l’électricité, celle sur les chaudières à gaz tout en limitant les aides à la rénovation énergétique des bâtiments. Il nous promet ainsi d’entretenir la précarité énergétique, de réduire notre pouvoir d’achat sans se donner les moyens de réaliser la bifurcation écologique. 

Parallèlement, la baisse du budget de la politique de l’emploi et de la formation de deux milliards d’euros au nom d’une prétendue « rationalisation » ne fera que favoriser le chômage. 

On aurait pu se dire que la mise à contribution des plus grandes entreprises et des hauts revenus à l’effort national est un signe de justice sociale si celles-ci n’avaient pas vocation à être exceptionnelles. 

Enfin, non content d’être bancal, le projet de la loi de finances du gouvernement conduirait à abîmer un peu plus les services publics et, notamment, les collectivités territoriales. Celui-ci prévoit ainsi de supprimer 4000 postes dans l’Education nationale, en particulier en maternelle et en primaire, et de saigner les collectivités pour un montant de 5 milliards d’euros. Les conséquences locales sont dévastatrices, comme l’attestent les estimations d’Intercommunalités de France. Cela représenterait, dans notre circonscription, une baisse de 1,2 million d’euros de la dotation globale de fonctionnement pour la communauté d’agglomération Melun Val-de-Seine, et de 1,686 million d’euros pour la ville de Melun elle-même. La cure serait brutale et injuste ! 

Comment les collectivités parviendront-elles à remplir leur mission de cohésion sociale ? Dans quelle mesure seront-elles en état d’achever les projets dans lesquels elles ont investi pendant de nombreuses années ? Parviendront-elles encore à investir suffisamment alors que leur investissement représente plus de la moitié de l’investissement des pouvoirs publics dans le pays ? 

J’ai écrit un courrier au Premier ministre Barnier, mais il y a peu de chance qu’il réponde.


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Son gouvernement ne pense qu’à la dépense et aux économies confondant le fonctionnement de l’économie d’un pays avec celui d’une entreprise. L’ironie du sort veut que l’ensemble des élu.es macronistes, par leur assentiment aux politiques passées, nous ont amené à la situation actuelle. Son caractère tragique réside dans le fait que nous risquons de payer au prix fort leur aveuglement. 

Au fond, le budget proposé par le gouvernement est destructeur et inconséquent sur le plan de la doctrine économique : la contraction des dépenses publiques et la baisse du pouvoir d’achat des ménages modestes réduiront l’activité des entreprises, la croissance économique et, finalement, les recettes fiscales de l’Etat sur lequel le gouvernement table. Cela le contraindra ainsi à suggérer de nouvelles mesures d’économie qui n’atteindront pas leurs objectifs tout en dégradant le fonctionnement de l’Etat, des services publics au prix d’une pauvreté croissante. Quant au 6% de déficit public, il diminuera d’autant moins que la croissance ne sera pas au rendez-vous et que le chômage augmentera. C’est une absurdité que le gouvernement ne peut PAS surmonter, car il est hanté par des recettes économiques d’un autre âge et pas à la hauteur de l’enjeu de justice sociale. Et c’est pourquoi nous comptons le battre au terme de la bataille budgétaire engagée à l’Assemblée depuis ces derniers jours.

Il existe pourtant une autre voie susceptible de nous sortir de l’impasse. Il suffirait d’aller chercher l’argent où il est. La lutte contre la fraude fiscale rapporterait à elle-seule 80 milliards d’euros par an ! Le rapatriement d’une partie des profits des entreprises localisés dans des paradis fiscaux ainsi que la taxation des super-profits des entreprises réalisant un chiffre d'affaires de 750 millions d’euros rapporteraient 41 milliards d’euros de plus. L’élimination des niches fiscales inutiles ou le conditionnement des aides aux entreprises seraient aussi autant de moyens de ne pas gaspiller l’argent public. Autant de mesures qui concilieraient l’équilibre des finances publiques et la croissance du pays. 

Il est donc évident que ce plan d’austérité n’est pas une fatalité et que nos propositions sont bien plus justes socialement et économiquement efficaces que ce que propose ce gouvernement irresponsable. 



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