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Les logements insalubres d'Habitat 77 dans le quartier de l'Amont à Melun

Comment ça ne peut pas craquer ?! #EnCirco

À la demande de résidents du quartier, je me suis rendu rue Claude-Bernard, dans le quartier de l’Almont à Melun. Il n’était pas question du dernier épisode de fusillade, excessivement grave (usages répétés d’armes de guerre dans la nuit de samedi à dimanche, avec des impacts sur plusieurs logements : personne n’a été blessé, on a heureusement évité le pire), mais de la dégradation effroyable de la vie des habitants des tours. Rien ne va, c’est choquant. Je passe sur les détails. Les photos laissent deviner l’état des lieux. Dehors : des détritus qui jonchent le sol, des poubelles renversées, des rats qui prolifèrent dans les immondices, le tout à ciel ouvert. C’est sale, pathogène, insuffisamment entretenu malgré la bonne volonté du gardien qui ne peut pas tout. Et puis, comme c’est abandonné, c’est le laisser-aller : toujours plus sale. Dans l’une des tours, rien n’a changé depuis ma dernière visite en juillet dernier. Les parties communes sont dans un état d’abandon coupable. On passera sur la saleté pour pointer la mise en danger de la vie d’autrui : les fils électriques dénudés proches de fuites d’eau, des réduits ouverts où les compteurs d’eau sont accessibles, des réparations à la petite semaine qui ne résistent pas à l’usure du temps court, des escaliers plongés dans l’obscurité, les odeurs incommodantes, etc. Un des deux ascenseurs fonctionne, mais il faut du courage pour l’emprunter : il est vétuste, on a pu le constater.

J’ai visité un appartement. Là encore, c’est intolérable : les cafards se fraient un passage à la moindre ouverture, déposent leurs déjections, prolifèrent, se cachent jusque dans l’électroménager. Une résidente qui m’a reçu dépense une fortune pour lutter contre ces insectes si peu ragoutants. Ses enfants jouent dans le salon, à même le sol parce que le canapé a été jeté – les cafards, toujours les cafards, l’avaient envahi. Cette même habitante, excédée à raison, mais pourtant de bonne volonté, investie dans la vie du quartier, m’explique que le bailleur Habitat 77 (eh oui, toujours le même) ne répond pas à ses courriers, pas plus qu’aux mises en demeure de son avocat. Le mépris et l’indifférence en guise de non réponse. Forcément, tout cela épuise, et c’est peut-être pour cela que ça ne craque pas (encore).

Difficile de ne pas évoquer les problèmes de sécurité dans le quartier. La fusillade récente est revenue dans la conversation : c’est intolérable que les balles se perdent dans ce quartier. Mais clairement, si chacun a convenu que la mise en danger des habitants – petits et grands – par les règlements de compte et autres concurrences de deals est une double peine, rien n’a convergé avec le traitement habituel dans les médias ou le champ politique rongé par les obsessions de l’extrême droite. Ici, c’est d’abord l’exigence de vie digne, de solidarité et de justice sociale qui l’emporte : la nécessité de participer d’une même société qui traite tout le monde sur un même pied d’égalité.

En septembre 2023, le « journaliste » sensationnaliste et pédocriminel J.-M. Morandini est venu au même endroit poser ses caméras complaisantes. Un point de deal, quelques tags anti-police, et c’était le scandale assuré. La mécanique CNEWS s’est aussitôt enclenchée. Le président d’Habitat 77, Denis Jullemier, dont on sait désormais qu’il roule pour le RN, était dans les parages et a joué la carte sécuritaire : unique réponse à une situation de misère sociale qui crève les yeux. Un quartier s’est trouvé jeté en pâture sur télé-Bolloré, stigmatisé. Depuis lors ? Rien ou presque. Une réponse sécuritaire, et un abandon des habitants livrés à eux-mêmes. Les jeunes qui zonent également, exposés au désœuvrement, sans autre perspective qu’un business de stupéfiants sans avenir et dangereux – pour eux comme ceux avec qui ils coexistent tant bien que mal.

C’est tellement choquant. Des années que ça dure. Des années que les autorités politiques locales interviennent sur les thèmes « ça doit changer » ou « plus jamais ça ». Et puis plus rien. C’est encore là, indigne d’un pays riche, septième puissance économique mondiale.

J’écris tout cela à la volée juste après mon long passage sur place. J’ai bien conscience que mon mandat de député ne me permettra pas d’agir comme je le voudrais, que les « compétences politiques » qui sont les miennes ne m’y autorisent pas, que j’empiète sur des territoires ; mais en même temps, j’abuserai de ce pouvoir expressif qui me permet de lancer des alertes frontalement, de sensibiliser et de rappeler les « responsables » à l’ordre de leurs devoirs. Le président d’Habitat 77 est mandaté pour agir sur cet habitat indigne du 77. Il doit rendre des comptes et faire en sorte que ça change au service des résidents. Sinon : qu’il s’en aille.

D’autres visites sont prévues hélas, qui s’ajoutent à d’autres que j’ai faites ces derniers mois. Je dis « hélas » parce qu’on ne devrait pas constater de telles situations. Mais puisque c’est nécessaire, je ferai le déplacement pour tenter de faire bouger les choses



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