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Quatre ans au conseil municipal de Melun : bilan, notes personnelles, perspectives collectives

Dans ce billet, j’explique les raisons pour lesquelles j’ai démissionné de mon mandat de conseiller municipal à Melun. C’est l’occasion de revenir sur les dernières années passées à militer localement.


Le 7 juillet 2024, j’ai été élu député de la Seine-et-Marne, après une campagne menée tambour battant et qui a vu la gauche unie l’emporter enfin dans une circonscription tenue par la droite depuis… 1986. Je remercie encore (et encore !) les centaines de militant·es mobilisé·es, qui n’ont pas ménagé leur énergie communicative pour l’emporter, et bien sûr, à nouveau, les électrices et électeurs qui ont su faire la différence et mettre en échec la prophétie de malheur qui, ici comme ailleurs, annonçait la victoire prochaine de l’extrême-droite. Ils ne sont pas passés, et c’est tant mieux.

C’est peu dire que c’est remuant de se retrouver au Palais-Bourbon. Ça l’est encore davantage de représenter tou·tes les habitant·es de la première circonscription de Seine-et-Marne, celle de la ville-préfecture. C’est une immense responsabilité. Les premières semaines ont été intenses. Installation à Paris, composition de l’équipe, premiers pas dans l’hémicycle, réunions avec les collègues du groupe parlementaire LFI/NFP, médias, dossiers, etc. : il s’est agi d’être efficace dès le départ.

Parmi les engagements pris lors de la campagne, celui de ne pas cumuler ce mandat national extrêmement prenant avec mes activités professionnelles. Même si c’est difficile et que certains engagements ne peuvent être différés (un livre à écrire, des étudiant·es à encadrer…), je me suis mis en disponibilité du CNRS, mon employeur depuis 2011. De même, pour des raisons d’ordre déontologique, je me suis dégagé de la cogestion des Éditions du Croquant, maison d’édition indépendante seine-et-marnaise que j’ai rejointe en 2017. Enfin, et c’est la raison d’être de ce texte, je me suis engagé à démissionner de mes mandats de conseiller municipal à Melun et conseiller communautaire à la Communauté d’Agglomération Melun Val-de-Seine. Car ces mandats d’opposition ne sont pas cumulables avec ce nouveau mandat. Préparer les séances des conseils municipaux (CM) et des conseils communautaires, entre autres, cela demande du temps, de la lecture, de l’investissement, des échanges y compris lors des commissions, etc. Il me sera désormais difficile d’être disponible pour ces tâches. C’est pourquoi il m’a semblé plus productif, plutôt que d’assurer une continuité de mandat à temps partiel, de confier le siège à ma camarade et amie Fatiya Ammad Mothay, également candidate sur la liste Bien Vivre À Melun. Militante et bénévole très impliquée dans les associations (16 ans d’engagement à la FCPE !), bien connue à Melun et dans l’agglo, elle saura reprendre le fil à la tête du groupe d’opposition Union Populaire de Melun, en compagnie de ma camarade et amie Cécile Prim, également militante insoumise, avec qui je milite depuis 2019, mais aussi en collaboration avec les collègues élu·es des oppositions de gauche et des écologistes.

Dorénavant, je ne serai plus conseiller municipal ni conseiller communautaire, mais pour autant je continuerai évidemment à m’impliquer dans la vie politique locale, en qualité cette fois de député, accessible et disponible, via sa permanence parlementaire, ancré dans la circonscription – à Melun et dans tous les villes et villages. C’est, en bref, un autre type d’ancrage politique, national etlocal, que je m’emploierai à construire, du mieux que je le pourrai.

Ceci étant dit, en guise d’au revoir (et c’est qu’un au revoir !), je reviendrai sur ce mandat et pourquoi je me suis engagé localement. Je le fais de façon assez directe, incarnée et personnelle, pour encourager celles et ceux qui s’intéressent à la vie politique locale, mais hésitent encore à s’engager. Il n’a jamais été aussi important de monter au créneau et de faire vivre une démocratie continue, exigeante, en prise avec le quotidien, au service de l’intérêt général, à Melun et partout ailleurs.

Flashback

Lorsque j’ai emménagé à Melun avec mon épouse Caroline, en mars 2013, l’une des premières choses que j’ai faites a été d’assister à une séance publique du conseil municipal. Surprise : je fus le seul dans l’assistance quand je m’y suis rendu. Cela m’avait franchement décontenancé, moi qui venais de Montreuil puis Fontenay-sous-Bois, grandes villes de gauche où la vie démocratique est très intense et objet d’attention citoyenne. À Melun, c’était l’inverse : une démocratie locale mise sous cloche, qui intéresse peu ou pas. Début 2013, c’était néanmoins le début d’un frémissement : la campagne pour les élections municipales de l’année suivante commençait peu à peu. Ce type de scrutin local ne m’avait guère intéressé jusqu’alors, mais à force d’assister aux séances du CM à Melun, j’ai décidé de m’impliquer. Que la gauche puisse gagner dans cette ville gouvernée par la droite depuis des lustres représentait un défi intéressant. Assez peu au fait des configurations politiques locales, je me suis au départ rapproché de la liste qui venait d’être validée par les instances du PS. Conduite par un certain François Kalfon, que je ne connaissais pas, elle promettait un « Nouveau souffle » pour Melun. L’équipe en appui du candidat parachuté ne manquait pas de personnalités de qualité (je citerai, notamment, Cyril Triolaire, mon voisin d’alors, avec qui j’ai commencé à travailler sur différents axes du programme), mais je dois avouer que je ne m’y suis pas retrouvé. Le style et la stratégie du candidat – increvable entrepreneur de la vie politique politicienne, passé par toutes les écuries du PS, recasé au Parlement européen depuis juin dernier – m’ont vite lassé. Je me suis tenu à distance de la campagne, mais cela m’a passionné de la suivre.

J’ai découvert un peu tard la liste « Bien Vivre À Melun » conduite par Bénédicte Monville. Trop tard pour oser m’y engager, après m’être un peu trop rapproché de celle de F. Kalfon, qui a manqué de gagner au second tour – à 500 voix. À partir de 2014, j’en suis devenu sympathisant, et de fil en aiguille, je me suis impliqué, puis engagé. Les perspectives d’écologie populaire et de démocratie municipaliste et continue, proposée par Bénédicte et Claude Bourquard, élu·es d’opposition qui allaient bientôt quitter le groupe de F. Kalfon avec lequel leur liste avait fusionné « techniquement » durant l’entre-deux-tours, m’ont paru d’excellentes options stratégiques. Il faut saluer leur talent d’animation et de militance sur le temps long. BVAM s’est investi sur de nombreux fronts et luttes dans la ville, a maintenu la pression sur un exécutif municipal arc-bouté sur ses certitudes, et est parvenu à faire vivre une alternative politique nécessaire quoique minoritaire, alliant écologie politique et gauche de rupture, EELV et Parti de Gauche, et plus tard La France Insoumise – mouvement que j’ai rejoint en 2017.

Cette animation s’est illustrée dans une aventure éditoriale parallèle : le magazine Quart de Brie. J’en avais proposé l’idée en 2018. Une équipe s’est rapidement constituée, incluant notamment Bénédicte, Claude, Fatiya Ammad Mothay, Julien Guérin, Étienne Charbonnier… Directeur de publication, je me suis plu à proposer des analyses de sociologie « pop » de la vie politique locale : vœux du maire, fête du brie, non-implication des citoyen·nes, etc. L’idée était de rendre intelligible le fonctionnement d’un microcosme exotique, dominé par une droite conservatrice. Deux numéros ont été conçus, publiés et diffusés par nous-mêmes. C’était assez coûteux en argent et en temps, mais tellement passionnant ! Deux numéros de 32 pages plus tard, nous avons eu du mal à maintenir la cadence. Et la campagne des municipales de 2020 nous a obligé à prioriser – on ne mesure par la difficulté de mener de front engagements militants désintéressés et vie professionnelle… Le magazine a donc été laissé en plan, mais pas l’envie de s’impliquer pour faire bifurquer la politique locale.

On partait de loin en la matière. Entre autres illustrations de la vieille façon de faire de la politique à Melun, la polémique ahurissante au sujet de la vidéo que nous avions osé prendre lors d’une des séances du CM, à la veille du premier tour des municipales de 2020. Mon camarade Éric Tortillon avait été intimidé par M. Mellier, en pleine séance. Beaucoup d’agitation, qui paraît tellement dérisoire depuis que toutes les séances sont filmées et retransmises en direct, et que tout le monde s’en félicite d’ailleurs, y compris la majorité… Il aura fallu brusquer le destin !





Place Saint-Jean, agora improvisée, liste contre liste. Juin 2020.









Je ne reviendrai pas sur l’interminable campagne des élections municipales de 2020 menée par notre candidate Bénédicte Monville. Ce fut une épreuve formatrice autant que rude. Le résultat de notre liste ne fut pas à la hauteur des espérances, malgré les bonnes cases cochées (inclusion des citoyen·nes, programme exhaustif, liste d’union de la gauche, composition de l’équipe, etc.). La stratégie de neutralisation méprisante de la majorité qui n’en finit plus de sortir, menée par un Louis Vogel souverainement engagé dans une non-campagne « ni de droite ni de gauche », donc de droite, qui n’a jamais daigné entrer dans la confrontation politique, n’a pas aidé. À cela s’ajoute l’épreuve de la pandémie de Covid19 qui nous a enjoint·es à faire une campagne sans contacts et avec masques. En juin 2020, les résultats sont tombés d’une élection où la participation fut effroyablement basse. Notre liste d’union de la gauche ne l’a pas emporté, malgré des mois de campagne intense. Il en a néanmoins résulté la mise en place d’un groupe d’opposition de six membres au CM, issu de la liste Bien Vivre À Melun/Espoir Melun : Bénédicte Monville (EELV), Jamila Smaali-Paillé (SE, Espoir Melun), Jason Devoghelaere (PCF), Céline Gillier (PS), Éric Tortillon (SE, BVAM) et moi-même (LFI/BVAM au début, puis LFI tout court ensuite, j’y reviendrai).  

Un mandat d’opposition et de prises de position

Lorsqu’on est élu d’opposition à un CM pour la première fois, on n’a pas toutes les cartes en mains. Le coût d’entrée n’est pas négligeable. Il faut apprendre et être efficace rapidement, faute de quoi on risque de regarder passer le train des délibérations votées en séances. Pour entrer dans les « délibs », il faut lire, beaucoup lire. Les documents de présentation sont fournis en amont, mais aussi les annexes souvent copieuses. Consulter des sources utiles en complément est également nécessaire, pour recouper, mettre en perspective, etc. Ce travail est fastidieux mais obligatoire pour quiconque entend avoir un minimum de pertinence dans les débats. Improviser sur foi d’un ressenti ou d’une opinion dans la foulée d’une présentation de délib par un·e élu·e majoritaire peut fonctionner, mais pas toujours. Et quand l’intervention n’est pas maîtrisée, voire à côté de la plaque, ça se voit, c’est enregistré et ça fait mauvais genre. En bref, une partie très significative d’un·e élu·e d’opposition consiste à apporter la contradiction et à argumenter en faveur d’options alternatives, et tout cela se travaille en amont, collectivement, de sorte que le groupe parle d’une même voix. Facile à dire, pas complètement à faire.

J’ai fait les comptes. J’ai participé à 31 séances du conseil municipal depuis la première qui s’est déroulée début juillet 2020. Des heures et des heures à faire valoir des évaluations généralement en opposition, mais aussi des votes alignés lorsque les délibs sont « techniques » ou d’intérêt général. Au fil des séances, on prend ses marques, des sujets reviennent, on monte en compétence, sur le tas (on peut toujours demander une formation, prise en charge, mais je ne l’ai pas fait par manque de temps), des habitudes se créent. Chacun compose avec l’exercice. Je laisse les Melunais·es juges de la qualité et de l’intérêt de mes interventions. Pour ce qui me concerne, j’ai fait du mieux que j’ai pu pour apporter des éléments d’analyse et d’évaluation dans des interventions généralement très écrites, très peu improvisées. Le style était, j’en conviens et plaide coupable, souvent trop universitaire, trop appliqué, par moments même laborieux ; mais l’objectif, quels que soient les sujets, étaient de livrer autre chose que du prêt-à-penser : d’approfondir des positions, de creuser les questions, d’enquêter même, à partir de données, d’analyses de spécialistes, etc. C’est ainsi que je me suis employé à dessiner les contours d’une autre vision de la ville de Melun, en phase avec les collègues du groupe qui, elles et eux également, apportaient leur expertise.

La stratégie vaut ce qu’elle vaut, mais elle est à mon avis appropriée : il s’agissait de politiser des questions techniques, et techniciser des questions politiques. Les profanes peuvent par exemple se faire balader lors des débats budgétaires et de finances locales. Les chiffres et les acronymes pleuvent de façon abondante. On peut vite décrocher, et c’est peut-être l’une des fonctions de ces délibérations « techniques ». Pourtant, avec un peu de formation et d’habitude, on commence à comprendre qu’à travers ces centaines de pages de rapport et de comptabilité ésotérique, des décisions politiques sont traduites. Et ces dernières, précisément, sont discutables. De même faut-il entrer dans le dur des rapports de délégataires à qui sont confiées des services publics (parkings, cantines scolaires, eau, etc.), les comptes rendus fournis par les services de la ville, etc. À chaque fois, c’est une politique qui est mise en œuvre, et ce sont autant de choix et d’orientations non neutres sur lesquels il s’agit de délibérer.  

Chaque délibération est donc l’occasion de dire quelque chose, de politiser, de sortir des sentiers battus pour affirmer une position. Cela peut passer par des sujets anodins en apparence (tel petit marché à 1000 euros dans la liste des marchés), ou des gros sujets qu’on est forcé d’aborder à CM fixe (par exemple, le débat d’orientation budgétaire, rite d’institution annuel qui offre des prises à la critique et à l’énoncé de possibles politiques ancrés dans les choix de dépenses et d’investissement). Et puis, il n’y a pas que le CM dans la vie. Il y a aussi les commissions ! Loin des regards, ces séances ont ceci d’intéressant qu’on peut y approfondir les questions débattues au CM. Là encore, on apprend beaucoup, en particulier au contact des agent·es des services municipaux présent·es pour apporter des pièces et des éléments de contextualisation des décisions.

On l’oublie parce que, il faut bien le dire, tout est fait pour que ça n’intéresse pas, mais les élu·es municipaux en première ligne des listes siègent également dans les conseils communautaires. C’est ainsi que j’ai découvert ce cénacle en juillet 2020. L’installation fut en soi la confirmation que ces structures intercommunales, montées en puissance après la promulgation en 2015 de la loi portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe), qui transfère toujours plus de compétences aux Établissement public de coopération intercommunale (EPCI) du type de la CAMVS (promis, j’arrête avec les acronymes), est une formidable machine à dépolitiser la politique locale – à distance des citoyen·nes. Et c’est la raison pour laquelle, en phase avec le programme de l’Avenir en Commun de LFI, je suis favorable à leur démantèlement. Il y aurait beaucoup à dire sur ce point, et ce ne fut certes pas aisé de défendre la dissolution d’une structure en son sein même. Avec le groupe minoritaire Pour Une Communauté Écologique et Sociale, mené par Bénédicte Monville, en compagnie de mon camarade et ami Julien Guérin (élu à Vaux-le-Pénil, tête de liste de la liste Vaux-le-Pénil, notre bien commun), (au début) de Jamila Samaali-Paillé, de Vincent Benoist (PCF) et Patricia Rouchon (PCF), nous nous sommes efforcés de porter un discours en rupture avec les logiques gestionnaires néolibérales et dédaigneuses de l’écologie portées par une majorité communautaire de bric et de broc. C’était parfois abstrait de s’y impliquer, car non seulement nous faisions face à une majorité composée d’élu·es « et de droite et de gauche » et vice versa, sans parler des élu·es sans étiquettes se disant « apolitiques » (si si, c’est possible dans une enceinte politique), mais en plus nous pesions peu (73 membres au total). L’exercice de la contradiction dans une telle assemblée est néanmoins formateur. Les silences tour à tour réprobateurs ou gênés en disaient long. Sans parler des débats peu consistants. Le président Louis Vogel, jusqu’à son élection au Sénat en octobre 2023, régnait sur le conseil de façon habile et tactique – reconnaissons-lui ce talent –, tel un charmeur de serpents (de crabes ?) : il endormait (et c’est arrivé : il s’endormait, littéralement). Dépassons les clivages, construisons des projets en bon·nes technicien·nes de la politique, soyons PRAGMATIQUES : le macronisme en actes achevait de désillusionner. Tout cela est assez regrettable, échappe à la perception publique (malgré les relances des oppositions, les séances ne sont toujours pas filmées), donne peu de choses sinon une désespérance collective, mais on n’est pas près d’inverser la tendance tant que les forces progressistes n’auront pas gagné dans les communes de l’agglo et donc, par prolongement, dans ces structures – pour les désarmer ensuite.

Je passe sur la campagne présidentielle euphorisante (Jean-Luc Mélenchon a obtenu 38,04 % des voix au premier tour à Melun) et celles des législatives qui a suivi aussitôt. J’ai eu l’occasion de l’évoquer dans un article pour Le Nouvel Obs. Une chose est sûre : se présenter à une élection dédramatise l’exercice, et même si le premier essai ne fut pas concluant en 2022, il a banalisé l’idée. Et c’est ainsi que, après l’élection de M. Vogel au Sénat (qui fut l’occasion de découvrir une élection sans électeurs ou presque : une parodie de démocratie pour grands électeurs), je me suis définitivement pris au jeu comme d’autres en compagnie de qui je continue de militer.

En novembre 2022, Cécile Prim (qui a pris la succession de Jamila Smaali-Paillé en 2021) et moi-même avons pris l’initiative de créer un groupe « Union Populaire de Melun ». Nous avions à cœur de faire exister une voix autonome pour LFI. Le groupe BVAM s’est scindé en trois, et ce fut finalement plus commode pour continuer à travailler – enfin, telle est notre perception. Le blog unionpopulairemelun.fr, relié à une page FB, en reprend les activités et prises de position les plus saillantes. Financement des écoles privées, TZEN2, vidéosurveillance, refonte du PLU et urbanisation, « émeutes » urbaines, état des écoles de la ville, polluants éternels, budgets participatifs, etc. : nous avons peu à peu abordé des questions qui concernent les Melunais·es, avec un traitement à la fois spécifique et relié aux grilles de lecture idéologiques auxquelles nous tenons. Cette expression s’est également retrouvée dans les tribunes du magazine de la ville, à la portion congrue certes puisque la maquette autorise seulement 1000 signes (bonjour la qualité de l’argumentation dans ces conditions…).

Le 17 octobre 2023 fut une autre date importante. Après la démission de Louis Vogel, il fallait lui trouver un remplaçant. Kadir Mebarek, éternel adjoint aux finances, était le candidat naturel d’une majorité cherchant à persévérer dans son être. C’était gagné par avance, de l’arithmétique comme on dit, vu que les électeurices sont au nombre de 43 seulement au sein du conseil municipal dominé par les macronistes (enfin, ce qu’il en reste), mais il en aurait fallu plus pour nous décourager ! Avec les camarades et militant·es insoumis·es melunais·es, nous avons fait campagne, imprimé un tract, comme dans une élection ordinaire, jusqu’à l’élection au sein du CM. Deux voix. Ce fut un splendide bide en direct. On a néanmoins fait passer quelques messages, non pas à l’assistance venue assister au sacre attendu de M. Mebarek, mais plutôt aux Melunais·es, conscient·es que tout peut enfi0n basculer à gauche en 2026 si tout le monde se mobilise. Un autre Melun est possible, pour des habitant·es qui méritent mieux que la ville déclinante et en proie à l’explosion démographique : une ville solidaire, vivable, conviviale, stationnaire, à l’épreuve des chocs d’ores et déjà là – les effets des dérèglements climatiques corrélés à l’accaparement capitaliste de la ville et des moindres parcelles de vivre en commun.

Une campagne de fond s’est donc installée. Et puis, patatras !, au sortir d’une élection européenne qui a placé première la liste conduite par Manon Aubry (26,8 %), très loin de la liste macroniste (12,4 %), le président Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale pour faire plaisir au RN avec lequel il s’apprêtait à cohabiter. Qui aurait pu prédire ? C’est toute une stratégie qu’il a fallu déployer dans l’urgence, passé les décisions à prendre collectivement. On connaît la suite, racontée dès l’introduction.

Moralité : cette boucle est bouclée, mais ça n’est qu’un au revoir. Il est clair que, résidant dans la ville, ayant appris à l’apprécier avec le temps, je ne songe pas un instant à en bouger. Melun mérite mieux, et c’est pourquoi, en militant de la base, je continuerai d’aider mes camarades mobilisé·es par le groupe d’opposition Union Populaire de Melun, pour faire valoir une autre vision de notre ville. La campagne éclair mais si enthousiasmante que nous avons menée en juin 2024 a attesté un profond désir de changement. L’actuelle majorité peut toujours surenchérir dans la com’, le culte de la personnalité (le maire en fait des tonnes) et la fuite en avant dans les très grands (et coûteux) projets qui brutalisent la vie en ville, l’impression qui domine est celle d’une fin de règne – à l’image du macronisme au pouvoir, que la majorité locale a tant soutenu. À l’heure des comptes, les Melunais·es sauront faire le tri entre les incantations déjà vues, les promesses en bois et les perspectives crédibles. Melun, ville de gauche, ne peut que changer de cap. Mais encore faut-il que tout le monde le réalise pleinement. Alors, cap ou pas cap ?


Arnaud Saint-Martin


Image en avant : sculpture à contempler avant d’emprunter l’escalier vers la salle du conseil municipal. Crédits : ASM, février 2015, via un blog photo lancé en 2015 et qui avait vocation à recenser les incongruités visuelles melunaises.

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