Tranches de vie de député
- Arnaud Saint-Martin
- 6 oct.
- 2 min de lecture
#TranchesDeVieDeDéputé Lorsque j’ai intégré l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale, je savais par avance que ce serait intense, car j’en connaissais le fonctionnement. Mais comme souvent, c’est une chose de le savoir en théorie, c’en est une autre de l’expérimenter dans la vie réelle. Bref, c’est prenant et engageant – et tant mieux. Cette année donc, avec les auditrices et auditeurs de ma majeure « Armement et économie de défense », nous plancherons durant 45 jours de formation théorique et pratique, incluant des visites sur des sites des forces armées et dans les usines, jusqu’en Guyane. C’est très, très abstrait de se projeter dans une telle formation, exigeante et technique, car à quelques centaines de mètres de l’École militaire où les cours s’organisent, au Palais Bourbon, c’est le chaos… La semaine dernière, j’ai dû sécher une journée de travaux concentrés sur la méthodologie à déployer pour rendre raison du sujet qui a été donné au « comité » auquel je contribue – la stratégie à mettre en œuvre dans le domaine de la défense antimissile. C’était jour d’élections (de tambouille) dans les commissions…
Vendredi 3 octobre, notre session (290 personnes) a bénéficié d’une présentation serrée de la Direction du Renseignement et de la Sécurité de la Défense, d’autant plus utile que, via nos travaux, nous sommes confrontés à des dossiers classés secret défense. Puis, une conférence fort instructive de Julien Malizard, titulaire de la Chaire Économie de défense de l’IHEDN, sur les budgets consacrés à la défense de part le monde, nous a permis de prendre la mesure de l’inflation extraordinaire – et pas forcément rassurante – en la matière. J’ai posé la question de l’effet de la financiarisation et de la place de l’investissement privé, volontiers opportuniste, sur les dynamiques budgétaires publiques, ainsi que l’influence des formats « start-upisés » dans l’économie des promesses de défense, que j’observe depuis pas mal d’années dans les milieux de la « space tech ». C’est clairement un angle critique pour jauger les évolutions en cours des marchés et industries de défense, à l’heure de ladite économie de guerre/défense. Détail truculent, au passage : ces conférences se sont déroulées dans un amphi du siège du MEDEF, à deux pas de l’École militaire. Pour des raisons de convenance, m’a-t-on expliqué. Les camarades de promo étaient fort empathiques envers moi, mais je leur ai bien dit que, pas sectaire pour un sou, il m’arrive de discuter – certes en vain – avec des représentant·es de ces milieux et lobbies patronaux.
Après un déjeuner au mess de l’École militaire, nous avons phosphoré 4h au sien de mon comité. La problématique de la défense antimissile est, je m’en rends compte de plus en plus, extrêmement importante, à l’heure des saturations de murs antimissile et antidrone en Ukraine et à la frontière polonaise avec Russie – entre autres « théâtres ». Je n’en dirai pas davantage car nous n’en sommes qu’au début du travail, suivi par un général de l’armée de l’air et de l’espace, mais en gros : c’est passionnant.
Jeudi et vendredi, cours puis visite de site. Vendredi, nous irons chez Naval Group à Lorient, pour découvrir les sites où sont conçus et construits des navires armés et des SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d'engins). J’en reparlerai si l’actualité politique délirante m’en laisse le temps d’écriture…
