Tranches de vie parlementaire
- Arnaud Saint-Martin
- 19 sept. 2024
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18 septembre 2024, réunion de rentrée de la commission de la défense nationale et des forces armées. En ouverture, mon collègue Aurélien Saintoul a rappelé à juste titre que les désignations de rapporteurs pour l’évaluation du Projet de Loi de Finances 2025 sont le fruit d’une combinaison aussi baroque que problématique entre les macronistes et le RN, lesquels se partagent depuis cette législature un bureau de la « Com Def » où le NFP brille par sa quasi-absence. Réponses gênées et (donc) passablement outrées de membres de cette majorité objective. La désignation des rapporteurs (dont celle de mon collègue Bastien Lachaud aux programmes Soutien de la politique de défense et Préparation et emplois des forces) a quelque chose d’abstrait parce que, au moment où j’écris (19 septembre), nous n’avons aucun document budgétaire à disposition pour engager la discussion. Les fameuses « lettres plafond » que le président de la commission des finances Éric Coquerel et le rapporteur général du budget Charles de Courson (LIOT) cherchent à récupérer depuis des semaines, pour l’instant en vain, et malgré une nouvelle tentative à Bercy ce matin même, sont toujours hors de portée et d’étude du Parlement, ce qui atteste un mépris flagrant et anticonstitutionnel de l’exécutif… À cela s’ajoute, sur le front de la Défense, le fait que le président de la République a annoncé l’opportunité d’un « ajustement » (sic) de la Loi de Programmation Militaire lors de ses vœux traditionnels aux armées le 13 juillet dernier, sans plus de précision, témoignant de l’improvisation autant que de l’inconséquence d’un pouvoir qui se complaît dans les incantations sans lendemain. Notre groupe a demandé des précisions par un communiqué publié le 12 septembre, mais – sans surprise – aucune réponse n’a été apportée.
La réunion de la Com Def s’est déroulée à huis clos, avec les téléphones en « mode avion », et pour cause : des cadres de la DGSE et de la DGSI sont venus nous présenter les enjeux du renseignement, autrement dit de l’espionnage. Les membres de la Com Def sont particulièrement exposés, ils sont même des « cibles ». Ce n’est pas une légende. Autant le savoir et se protéger. Qu’il s’agisse des approches « dans la vraie vie », à l’ancienne, ou des tentatives d’espionnage par la voie électronique, les techniques sont rodées et, quand ça prend, fatales. Les amateurs de romans d’espionnage ou de séries ne seront pas surpris par les modes opératoires. La liste est finie, mais extensive des espaces dans lesquels il faut s’aventurer avec prudence. Les députés, tous bords confondus, sont scrutés et sursollicités. Ma boîte email est déjà lourde de messages et d’invitations diverses (conférences interlopes, think tanks, lobbies, cabinets de conseil, etc.), dont certains concernent directement les sujets sur lesquels je me positionne, à commencer par les sujets de défense… Les espions sont particulièrement inventifs pour forcer les interactions.
Bref, on sait à quoi s’en tenir, et je n’en dirai pas davantage sur cette réunion très utile et qui enjoint à la responsabilité. On ne plaisante pas avec ces choses-là. Dès la semaine prochaine, nous devrions enfin nous mettre au travail opérationnel, avec une audition du ministre des Armées (le même qui n’en finit pas d’assumer sa qualité de ministre « démissionnaire » ?).