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Une première nuit des étoiles réussie, conviviale et inspirée !

Ces Amfis 2025 de LFI furent très réussis ! Je m’en remets à peine. Ce fut l’occasion d’approfondir bien des questions politiques, de se former, de rencontrer les militant·es, de rendre compte de mes engagements à l’Assemblée nationale, d’échanger de façon conviviale… Merci encore à tou·tes les bénévoles et au service d’ordre pour cette organisation millimétrée. Lors de cette édition des Amfis, j’ai aussi pu expérimenter une nouvelle manifestation : la nuit des étoiles. J’en propose ici un bref retour d’expérience. Pas de suspense : c’était super !

Une nuit des étoiles aux Amfis ? De l’idée à sa mise en œuvre

Je ne me souviens plus quand l’idée d’une « nuit des étoiles » a été lancée exactement. De mémoire, c’était juste après la visite que j’ai faite avec Jean-Luc Mélenchon – que ces questions passionnent – des Rencontres du Ciel & et de l’Espace en novembre 2024 à la Cité des sciences de l’industrie. Nous nous étions : et pourquoi pas en reprendre le principe pour nos universités d’été ? L’idée, on le sait, n’a rien de neuf. Elle est mise en œuvre avec succès depuis 1991 par l’Association Française d’Astronomie. Nous en avions d’ailleurs discuté avec les membres de l’AFA lors des RCE. C’est un formidable vecteur d’éducation populaire, un moment privilégié, à un moment estival propice, pour se reconnecter avec les besoins essentiels, à commencer par la contemplation du ciel étoilé : trésor commun de l’humanité depuis des millénaires. C’est un vieux thème, l’astronomie populaire, qui remonte au 19e siècle, et il est bon de rappeler au souvenir de Camille Flammarion, astronome et porte-voix d’Uranie, dont nous célébrons en 2025 le 100e anniversaire de sa mort.

C’est aussi l’opportunité de rappeler que, pour le mouvement insoumis, cette aspiration est importante. Dans le livret thématique « L’espace, notre horizon commun », approfondissement du programme L’Avenir en Commun actualisé lors de la dernière élection présidentielle de 2022, nous portions une mesure en ce sens : « Lancer un programme de lutte contre la pollution lumineuse qui prive les urbain·es de la vue des étoiles et nuit aux observations astronomiques des professionnel·les et des amateur·ices » (https://programme.lafranceinsoumise.fr/livrets/espace). Également dans cette perspective, j’ai déposé en mars 2025 une proposition de loi visant à préserver l’environnement nocturne (https://www.assemblee-nationale.fr/.../l17b1129...), contre la pollution lumineuse et tout ce qui dégrade et entrave notre droit à l’obscurité. Ces orientations, portées au nom du groupe La France insoumise - NFP à l'Assemblée nationale et de La France insoumise, sont politiques au sens le plus exigeant du terme. Pour le dire directement : une autre vision du ciel et de l’espace est possible, en rupture avec tout ce qui en menace à brève (d)échéance l’exploration : la militarisation augmentée par l’arsenalisation, l’astrocapitalisme sans autre foi que l’exploitation pour le fric. Ce que je n’ai pas cessé de défendre dans mes interventions à l’Assemblée nationale depuis que je suis élu, où à l’occasion de rencontres avec les professionnels de l’astronomie, notamment la direction de l’INSU, les collègues de l’IRAP à Toulouse, etc.

Une première séquence dans les étoiles, pour une autre cosmopolitique !

C’est donc le cadre dans lequel nous avons pensé cette nuit des étoiles. Sans innover, j’ai pensé à deux séquences : une première, visant à exposer des connaissances sur le ciel, et une seconde plus pratique, par les observations – repérage puis visuel assisté et observation visuelle aux télescopes. La première séquence fut assez simple à mettre au point. La communauté astronomique ne manque pas de personnalités volontiers engagées dans la diffusion des savoirs. Nous avons ainsi eu la chance d’écouter des exposés formidablement riches et accessibles, engagés et percutants, et par moments drôles, de Faustine Cantalloube, astrophysicienne au CNRS, spécialiste de détection des exoplanètes, Margot Debruycker, doctorante en cosmochimie à l’IPGP et Éric Lagadec, astronome à l’Observatoire de la Côte d’Azur. L’exposé à trois voix, qui a commencé presque à l’heure, soit 21h, était maîtrisé de bout en bout. L’évolution cosmique a été passée au filtre des savoirs établis et des recherches en cours. On en a appris beaucoup sur les corps célestes, des météorites aux exoplanètes lointaines, de même que sur les processus physiques. Des messages, très politiques, ont été portés par nos trois intervenant·es : entre autres, (1) la science fondamentale publique doit être défendue, financée, organisée de façon autonome ; (2) l’astronomie est une culture scientifique à partager et un vecteur de pacification de la société ; (3) il faut, néanmoins, la cultiver de telle sorte qu’elle rompe avec l’injonction à produire toujours plus aux fins d’un capitalisme scientifique qui a perdu le sens de la connaissance pour la connaissance et l’ethos de la science guidé par les valeurs d’universalisme et de communisme des savoirs (confer Robert K. Merton) ; (4) il n’y a pas de planète B, et la prospection jusque dans les confins de l’univers observable nous rappelle combien « l’habitabilité » de la Terre, biotope de l’humanité, doit être préservée ; (5) l’astronomie n’échappe pas aux effets des dérèglements climatiques, certaines recherches pourraient être entravées à court terme (ne serait-ce que les fumées des incendies qui saturent le ciel…) ; (6) l’astronomie est menacée aussi par des projets ô combien problématiques sur le plan de la soutenabilité écologique et économique (ont été cités la mégaconstellation Starlink, dont les effets néfastes sur l’observation astronomique sont bien connus, mais aussi les graves dommages que pourraient engendrer l’implantation d’un complexe industriel près de Paranal, au Chili, mettant en péril le fonctionnement du futur ELT [cf. https://www.eso.org/public/france/news/eso2506]) : le capitalisme nuit à la nuit ! D’une certaine façon, que j’ai résumée dans l’introduction à cette première séquence, la pratique et la culture partagée de l’astronomie est une formule de résistance. C’est, de même, l’établissement d’une connexion intime avec le cosmos qui constitue un besoin supérieur, d’ordre existentiel, ce pour quoi l’humanité entière peut se retrouver par-delà les frontières et les cultures. En témoignent les coopérations scientifiques internationales chez les professionnel·les, ou encore les activités des clubs et associations d’astronomie amateur. L’astronomie ? Cela n’a pas de prix, c’est une priorité ! Je remercie encore vivement mes collègues et ami·es Faustine, Margot et Éric de nous avoir permis de voyager en pensée ce soir-là, et même de nous élever par une conclusion poétique.

De la théorie à la pratique, et retour

Je dois dire que, malgré les appels répétés jusque sur les forums d’astronomie amateur que je fréquente, ce fut un plus laborieux de recruter des astronomes amateurs ou professionnels pour la seconde séquence… Plein de raisons peuvent l’expliquer : l’été, c’est le moment rêvé pour observer et la plupart des astrams sont déjà mobilisés ailleurs ; les clubs sont concentrés sur leurs propres activités et pas disponibles ; la perception de la nature quelque peu originale de cette nuit des étoiles organisée lors d’une université d’été politique a pu donner lieu à des malentendus, des incompréhensions ou même, disons-le clairement, une franche incrédulité, un rejet pur et simple (quoi ? de la science dans une manifestation politique ? mais la science ce n’est pas politique !). J’ai découvert après coup que de nombreux militants étaient prêts à amener leur matériel, mais ont hésité pour des raisons d’ordre logistique. Nous avons pu compter sur trois télescopes seulement, plus le télescope « connecté » d’Éric. C’était, en fait, suffisant pour cette première édition. Grand merci à Aurélien et Fabien, qui ont amené leur matériel et partagé leur passion auprès de nombreuses personnes. Je me permets d’ailleurs de partager le résultat de leurs observations ce soir-là : pas mal du tout ! Pour ce qui me concerne, c’est perfectible. J’avais parié sur une projection sur écran géant des observations faites sur mon télescope branché à ma caméra astro, mais hélas, au moment de connecter au projecteur, l’écran est resté passablement bleu… J’ai montré les galaxies et nébuleuses sur la tablette, et cela a suffi à nourrir la curiosité et les questions sur le fonctionnement d’un télescope, l’astrophotographie, etc. Les personnes autour d’Aurélien, Fabien et moi auront pu goûter à cette passion de l’observation, et à quel point elle est dévorante ! Conséquence inattendue et réjouissante : cela a donné l’idée à certaines personnes d’acheter du matériel (attention camarades : c’est une passion potentiellement ruineuse !). Cette seconde séquence d’observations fut au final tout aussi réussie que la première. C’était formidable de constater l’enthousiasme et l’émerveillement. La découverte de Saturne en visuel, au Dobson de Fabien, laissera sans doute un souvenir impérissable. Nous avons eu un peu de chance aussi parce que jusqu’à 23h, les nuages étaient de la partie dans le ciel de Châteauneuf-sur-Isère. Mais, par miracle, ça s’est finalement dégagé. D’un côté, des dizaines de personnes autour des télescopes, de l’autre, tout autant allongées dans l’herbe, suivant le repérage des étoiles au laser animé par Faustine, Margot et Éric. (On aura pu remarquer, au passage, que le ciel n’est pas si « propre » sur ce site pourtant d’apparence « rural », ce que j’ai attesté à l’aide de mon petit appareil de mesure de qualité du ciel SQM-L.) Quel beau moment !

Une nuit des étoiles qui en annonce d’autres !

Vers minuit, il fallait néanmoins remballer. J’ai compté plus de 300 personnes environ, mais sans doute encore un peu plus. Ce fut un franc succès et la confirmation que l’astronomie recèle des trésors à partager et que cette passion se partage à la vitesse de la lumière. Je remercie encore les collègues et ami·es qui nous ont permis de nous aventurer dans l’espace, également l’organisation des Amfis, notamment mon collègue député Bastien Lachaud, Coline Bouret et Élodie Cloez, ainsi que les services techniques qui se sont pliés en quatre pour trouver la bonne formule. Cette première nuit des étoiles a suscité tant d’intérêt et de passion – au vu des très nombreux retours sympas le lendemain – que l’idée est maintenant installée que nous recommencerons l’année prochaine. J’ai déjà des noms d’invité·es en tête. Et je vais tout faire pour mobiliser encore plus d’astronomes pour les observations. Sans parler du bon connecteur à acheter pour relier ma tablette et le projecteur de l’écran ! Vivement les Amfis 2026 !



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